Question :
Les remises accordées pour le paiement anticipé d’une dette peuvent-elles être considérées comme des intérêts ? Pouvez-vous nous éclairer sur ce sujet ?
Réponse :
La majorité des savants considèrent cette pratique comme de l’intérêt. Mais encore une fois, une comparaison similaire peut être faite entre les intérêts et les activités commerciales. Dans des cas comme celui-ci, l’important est de se concentrer sur les différences, et non sur les similitudes.
Abdülaziz Bayındır dans son livre « Commerce et intérêt » dit la chose suivante :
« Ibn Qayyim Al-Jawziyya considèrait ces remises comme autorisées. Selon lui: « Les remises accordées pour le paiement anticipé de la dette sont directement opposées aux intérêts. Parce que, l’intérêt est l’augmentation de la dette pour prolonger la période d’emprunt, alors que les remises diminuent la dette pour raccourcir cette période. Créancier et débiteur bénéficient de cette pratique. »
Certains considèrent cette pratique haram et la compare à l’intérêt, mais on devrait clairement voir la différence entre les déclarations: « Payez à temps ou votre dette augmentera » et « Payez plus tôt et je vous accorderai une remise ». Aucune preuve, consensus ou analogie crédible existants interdit une telle pratique.
Ibn Qayyim affirme que c’était là l’opinion d’Ibn Abbas. L’un des deux hadiths signalés par Ahmed. B. Hanbal le confirme et un autre rapporté par Ibn Abu Musa déclare enfin que son professeur Ibn Taymiyya penchait lui aussi pour cette opinion. » (Ibn Qayyim Al-Jawziyya, Ilam Al-Muwaqqeen, t: 3, p. 371).
Ce que dit Ibn Qayyim est correct. Il n’existe pas de verset ou de hadith interdisant les remises. L’intérêt mentionné dans les versets et hadiths désigne toujours l’augmentation de la dette. Dieu nous commande la chose suivante :
« L’intérêt usuraire que vous versez pour faire fructifier les biens d’autrui ne donne aucun profit auprès de Dieu ; mais ce que vous donnez en aumônes en aspirant à la Face de Dieu, cela vous est compté au double. » Al-Rûm (30:39)
« Ô vous qui croyez, craignez Dieu ! et renoncez au reliquat de l’intérêt usuraire, si vous êtes croyants, Si vous ne le faites pas, attendez-vous à une guerre de la part de Dieu et de Son envoyé, Tandis que si vous vous repentez, votre capital vous restera : vous ne léserez pas et vous ne serez pas lésés. » AL-Baqara (2:278-279)
Et le Prophète a dit :
« N’ajoutez pas quelque chose sur quelque chose d’autre, et ne vendez pas pour de l’argent un prêt qu’on devra vous retourner (sinon, vous serez intéressé). » (Muslim, Le livre de Musaqat, 1584)
Dans les cas comme celui qui nous intérèsse ici, le principal est de se concentrer non sur les similitudes mais sur les différences. Les hommes et les femmes sont semblables à beaucoup d’égards, mais ils possèdent entre eux des différences qualitatives qui nous obligent à les distinguer et à les nommer différemment. L’intérêt est une addition à la dette alors que la remise la diminue et il serait faux de placer cette dernière dans la portée de l’intérêt.
Pour plus de détails, se référer à l’ouvrage du professeur Bayındır « Commerce et intérêt » Sülemaniye Vakfı yayinlari, Istanbul, 2007.